DOUX DÉPECÉ PENDANT L’ÉTÉ

, par udfo53

Les repreneurs d’une partie du pôle frais de Doux, numéro un de la volaille en Europe, seront connus le 10 septembre. Pour FO, la justice reste le dernier espoir de sauver des milliers d’emplois.

« C’est du n’importe quoi, on va tous y passer à plus ou moins long terme, ceux du pôle frais comme ceux du surgelé et des produits élaborés », lâche Nadine Hourmant, déléguée centrale FO chez Doux, le leader européen de la volaille, connu sous la marque Père Dodu. Le 2 juin, l’entreprise, en cessation de paiement, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Quimper. Basée à Châteaulin (Finistère), elle emploie 3.400 salariés répartis sur 26 sites.

Le consortium d’oléagineux Sofiprotéol avait déposé une offre de reprise globale du groupe. FO y était favorable car elle permettait de sauver l’emploi et la filière avicole. Mais l’offre a été rejetée le 1er août par le tribunal. Le juge lui a préféré le plan de continuation proposé par le P-DG, Charles Doux, pour les secteurs du surgelé et des produits élaborés, qui restent donc sous observation jusqu’au 30 novembre.

Seul le pôle frais, qui emploie 1 550 personnes, a finalement été placé en liquidation judiciaire, avec poursuite de l’activité jusqu’au 10 septembre. Le 5 septembre, le tribunal devait examiner les offres des 5 candidats déclarés, dont Duc, LDC ou Tallec. Mais ils ne proposent que des reprises partielles, préservant au mieux un tiers des emplois. Le site de Graincourt (Pas-de-Calais), 254 salariés, ne fait même l’objet d’aucune proposition de reprise.

FO, reçue le 30 août par le préfet de Mayenne, a fait part de sa préférence pour l’offre de LDC qui reprendrait les 300 salariés du site de Laval et 60 personnes de Sérent. Cinquante-cinq autres salariés bénéficieront d’un plan de mobilité vers les usines à proximité.

Les salariés des autres pôles ne sont pas sauvés pour autant. « La direction ne parle que de fric, ce sont des financiers qui veulent juste produire des volumes pour assurer leur retour sur investissement, poursuit la déléguée centrale FO. Ce plan de continuation c’est du pipeau. »

1.000 emplois supprimés au pôle frais

Elle sait déjà qu’une restructuration est à l’étude et sera présentée fin septembre. Des emplois seront supprimés dans l’administration, les couvoirs et au pôle des produits élaborés.

Pour faire annuler toute la procédure et le dépeçage de Doux, le comité d’entreprise de Châteaulin, sous l’impulsion de Nadine Hourmant et son équipe, a, le 13 août, fait appel de la décision de reprise auprès de la cour d’appel de Rennes. La demande a été jugée recevable et les élus ont un mois pour déposer leur dossier.

« Ce recours, c’est le seul moyen de sauver l’emploi, entre un plan de continuation mené par une direction qui n’a pas su conduire l’entreprise sur la bonne voie et des offres de reprise a minima », ajoute Didier Pieux, secrétaire fédéral à la FGTA FO.

Pour Nadine Hourmant, l’activité peut encore être sauvée. « Doux réalisait 25% du marché français, du premier prix comme des labels, et était présent dans 132 pays, explique-t-elle. Nous ne sommes pas dans la situation de PSA, avec un marché automobile bouché. On aura toujours besoin de manger et 40% de la volaille consommée en France est importée, ça laisse de la marge. »