SNCF | Bras de fer autour de la réforme ferroviaire

, par udfo53

La grève reconductible déclenchée le 10 juin dernier, notamment par FO, défend la pérennité et l’unité du système ferroviaire dans le cadre d’un monopole de service public, mais aussi des garanties sur les conditions d’emploi et de travail spécifiques des cheminots.

Avant le début de l’examen de son projet de réforme ferroviaire programmé le 17 juin 2014, le gouvernement espérait encore mettre un terme à la grève reconductible déclenchée le 10 juin à la SNCF par plusieurs syndicats de cheminots, dont FO. Ladite réforme prétend réunifier la SNCF et Réseau Ferré de France (RFF), deux établissements qui n’en faisaient qu’un à l’origine (SNCF)… mais qui avaient été scindés en deux en 1997. Sauf qu’elle ne prévoit pas une fusion de la SNCF et de RFF, mais de créer trois établissements. Dans le premier (SNCF) seraient placés les services de la direction (RH, SUGE…). Le deuxième (SNCF Réseau) se verrait attribuer la propriété des infrastructures ferroviaires et la gestion des équipements afférents, et transférer les 50 000 cheminots de l’équipement de l’actuelle SNCF et les 1 500 de RFF. Enfin, le troisième (SNCF Mobilités) deviendrait un simple transporteur de passagers et de marchandises, dont s’occuperaient les quelque 100 000 autres cheminots (agents commerciaux, de conduite, du matériel, du fret et des gares).

FO EXIGE LE RETRAIT DU PROJET DE LOI

La Fédération FO Cheminots voit là une organisation ubuesque, qui risque de conduire à une désarticulation encore plus préjudiciable que celle engendrée par la réforme de 1997. « Alors que rien ne conditionne une telle séparation organique », FO revendique le retour à un modèle intégré sous l’égide d’un monopole de service public national. Le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, prétend répondre aux craintes en promettant « un contrat cadre État-SNCF assurant la cohérence et l’unité stratégique, industrielle et économique » des trois entités. « Comment le gouvernement peut-il nous faire croire qu’une telle intégration économique serait possible, alors que l’Union européenne a retoqué un contrat de ce type avec La Poste ? », s’indigne FO. « Le problème de la dette restera entier tant que l’État ne l’épongera pas, comme l’avait fait en son temps l’Allemagne pour celle de la Deutsche Bahn. » La fédération rappelle au passage que l’endettement du ferroviaire français est le fruit amer de décennies de politiques d’aménagement du territoire assumées par la SNCF, (notamment la généralisation et le développement des lignes TGV). En attendant, la réforme semble vouloir continuer à faire payer les intérêts de la dette (2 milliards d’euros annuels) par les efforts de productivité et le rabotage des acquis des cheminots. À ce propos, M. Cuvillier est demeuré évasif sur la garantie des droits et des statuts des cheminots. Il a promis un décret-socle sur le sujet, dont tout le monde pense qu’il ne s’agit que de fixer des règles sociales minimales devant être inscrites dans la future convention collective des entreprises du ferroviaire (publiques et privées) prévue fin 2015. Il s’agit là de préparer la SNCF à l’ouverture, en 2019, à la concurrence (quatrième paquet ferroviaire européen). Pour toutes ces raisons, FO a réitéré son « exigence de retrait pur et simple du projet de loi ».

Juin 2014