Relèvement du temps partiel dans la grande distribution

, par udfo53

Les revendications syndicales portent de longue date sur la suppression du temps partiel subi partout où cela paraît possible et sur l’amélioration des conditions d’emploi à temps partiel, pour que cette forme d’emploi ne soit plus déconsidérée et ne devienne pas un outil de précarisation de l’emploi.

Longtemps, pour les employeurs, l’utilisation du temps partiel a constitué un mode de gestion de l’emploi destiné à satisfaire principalement les enjeux économiques dans une logique de grande flexibilité dans l’aménagement des horaires, en vue de meilleures rentabilité et flexibilité. Les employeurs du commerce en ont été les principaux promoteurs. Dans la grande distribution alimentaire, il existe des taux significatifs de salariés à temps partiels. De 21 % à 37 % des salariés des hypermarchés, des supermarchés ou du discount subissent ce temps partiel.

Relever les planchers

Au niveau de la branche, la durée minimale des contrats à temps partiel a été progressivement relevée. Elle est actuellement de 25 heures par semaine. Dans les coopératives de consommation, ce minimum est fixé à 19 heures hebdomadaires. Les négociations d’entreprise ont permis de relever encore ces planchers. Plusieurs enseignes les ont ainsi portés à 30 heures par semaine. Certains accords prévoient que les temps partiels, principalement ceux travaillant en caisse, peuvent passer à temps complet à condition d’accepter une polyvalence de tâches. Il en a, par exemple, été ainsi chez Carrefour, Casino, aux Coop Atlantique ou certains magasins Leclerc. Dans toutes ces entreprises, le temps partiel est exclusivement dans la catégorie des « employés » et très féminisé. Les hommes présents dans cette catégorie sont le plus souvent des étudiants.

La polyactivité, une solution à améliorer

La polyactivité et le droit au passage à temps complet ont permis dans la distribution alimentaire de faire baisser le temps partiel subi. Il s’agit pour un salarié ayant un temps partiel d’obtenir un temps complet sur deux postes d’emploi différents mais fixes. Dans la pratique, cela est beaucoup plus difficile que ne le prévoyaient les accords. Dysfonctionnement entre les caisses et les rayons, tensions entre les responsables pour la gestion des polyactifs, manque de communication de l’encadrement, autant de problèmes qui suscitent des interrogations chez les salariés concernés. Ceci explique que le nombre de volontaires n’ait pas été aussi important que prévu initialement. Une révision des modalités de cette polyactivité, une vigilance à renforcer sur la charge de travail et une amélioration de la gestion des tâches et des horaires seraient de nature à rendre le dispositif plus attrayant. La motivation principale des salariés concernés par la polyactivité est qu’ils veulent un supplément de revenu. Même si la polyactivité a permis de faire baisser le nombre de salariés à temps partiel, il convient aussi de se poser la question de savoir si cette baisse n’est pas aussi due à la diminution des embauches et à la suppression massive de milliers d’emplois dans la grande distribution.

Agir dès l’embauche

De la même façon, une réalité ne peut être effacée : partout où la FGTA-FO est puissante, des accords arrivent à être signés permettant l’évolution du travail à temps partiel. Ailleurs cela est plus difficile. Yannick Poirot, délégué syndical chez Leclerc, précise que dans son magasin grâce à l’implantation du syndicat FO, il a pu négocier un temps de travail minimum d’embauche à 30 heures. Il est plutôt satisfait du résultat sachant que celui-ci était supérieur à la branche. Depuis mai 2012, la direction augmente volontairement le nombre des embauches à temps partiel à 30 heures mais ne fait plus d’embauche à temps complet (fixé à 36h45), ce qui génère de mauvaises conditions de travail (non prise de pauses, de moins en moins de temps pour le remplissage des rayons et stress en augmentation). A Coop Atlantique, Carrefour et Casino, le syndicat FO n’a eu de cesse de lutter contre le temps partiel subi et les revendications sur ce thème sont portées systématiquement lors de toutes les NAO. Les élus ont obtenus le relèvement du seuil minimum d’embauche de 20h à 30h et de nombreux contrats ont été transformés en temps plein. La polycompétence a permis à de nombreux salariés d’augmenter leur contrat grâce à l’acquisition d’une 2ème compétence dans l’établissement.

Pour la FGTA-FO, la relance du pouvoir d’achat passe notamment par le relèvement des horaires des contrats à temps partiel subi et leur passage à temps complet.

Article paru dans FGTA Magazine n°38 Martine Saint-Cricq