Les retraités sous tension

, par udfo53

La crise économique et sociale qui sévit frappe durement les salariés et les retraités dans leur ensemble. Dans ce contexte dégradé, les attaques contre la protection sociale collective et solidaire, contre les services publics se poursuivent, voire se renforcent. Le pouvoir d’achat des retraites et pensions continue de se réduire, la pauvreté menaçant de plus en plus de retraités et tout particulièrement les femmes dont les droits propres sont menacés. Le dossier crucial de la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées est toujours au point mort alors que les besoins et les attentes augmentent.

Le Comité exécutif de l’UCR-FO, réuni le 11 septembre 2009 à Piriac-sur-Mer, considère qu’il y a une véritable urgence à réagir car, si rien ne change, les conséquences pour les salariés et les retraités vont durement s’aggraver.

Il refuse le diktat de la recherche de « plus de compétitivité économique » qui sous-tend les réformes et mesures porteuses de moins disants sociaux et de suppressions de services publics.

Il observe que nonobstant la conjoncture économique fortement détériorée, des ressources financières peuvent être trouvées. Le Gouvernement en a apporté la preuve en mobilisant des milliards d’euros pou sauver les banques et l’univers financier, pour secourir les entreprises dites d’avenir en instituant un fonds stratégique d’investissement, pour aider le secteur des cafés et restaurants via une réduction de la TVA, sans oublier le bouclier fiscal institué en faveur des contribuables les plus fortunés qui n’est nullement remis en cause. Au même moment, le gouvernement abaisse le taux de rémunération du livret A et supprime la demi part supplémentaire du quotient familial pour une majorité de personnes seules, célibataires, divorcés ou veufs qui ont eu un ou plusieurs enfants. En outre, malgré la crise, les entreprise du CAC 40 continuent d’engranger des milliards d’euros de bénéfices sans effet sur la reprise économique.

Les avalanches de chiffres intentionnellement publiés nous amènent à nous interroger sur les informations et les idées qui circulent à propos de la situation dégradée des comptes sociaux dela nation, lesquelles n’ont d’autre objectif que justifier des remises en cause des droits des salariés et des retraités.

Cela met en évidence la nécessité de s’attaquer aux racines de la crise, notamment au partage inégalitaire des richesses, résultat de la recherche sans mesure du profit maximum pour certains au détriment des salaires, des retraites et des systèmes de protection sociale collective du plus grand nombre.

►En matière de retraite, il est urgent de stopper la dégradation du niveau des retraites et pensions que les retraités subissent depuis plusieurs décennies. Alors que se prépare le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2010, les retraités attendent un signe fort en ce sens : il faut apporter un correctif sur le mode pénalisant d’indexation des retraites et pensions ainsi que des « salaires portés au compte » (lesquels sont indexés sur les prix et non plus sur les salaires).

Le gouvernement ne peut prétendre se préoccuper des retraités alors qu’il s’obstine à mettre en oeuvre des mesures en complet décalage avec la réalité de la perte du pouvoir d’achat des pensions et retraites et l’augmentation du coût de la vie pour tous les retraités. Relever l’âge de départ en retraite, remettre en cause les majorations de durée d’assurance des mères de famille qui ont élevé des enfants (au prétexte d’appliquer des décisions de justice et respecter une soi-disant égalité hommes/femmes), sont des provocations que Force Ouvrière ne peut accepter.

S’agissant du financement des retraites et pour sauvegarder les régimes de retraite, le gouvernement doit accepter d’examiner des sources alternatives de ressources telles que l’élargissement de l’assiette de cotisation, la révision de certaines des exonérations de cotisations (sur les 30 milliards d’euros d’exonérations de cotisations accordés), la prévision de l’affectation d’une partie de l’emprunt national pour alimenter le fonds de réserve des retraites.

L’UCR-FO n’accepte pas, que pour 2010, le patronat et les pouvoirs publics préparent de nouvelles régressions pour tous les retraités.

► Si, malgré la baisse des recettes liée à la crise, le gouvernement reste arc-bouté sur le principe selon lequel toute hausse de base et/ou de taux de cotisations est exclue, il est fort à craindre que le budget 2010 de la Sécurité sociale ne se traduise en matière de santé, par de nouvelles mesures restrictives à l’égard des assurés.

Il serait en effet question de rechercher de nouvelles « économies » notamment sur les transports sanitaires, les arrêts de travail, les dépenses de médicaments avec de nouveaux déremboursements, le relèvement du forfait hospitalier de 16 € à 20 € (soit 25 % d’augmentation), sans oublier les menaces qui pèsent sur les conditions d’accès aux ALD .

Ces mesures qui s’ajoutent aux dispositions dites de « responsabilisation » vont peser lourdement sur les revenus des assurés et tout particulièrement des retraités qui en sont la cible principale. Elles ne manqueront pas en outre d’alourdir la charge des complémentaires santé qui de facto, en répercuteront le coût soit par une augmentation des tarifs d’adhésion, soit par une restriction des garanties proposées, ce qui inéluctablement conduira à encore plus d’inégalités dans l’accès aux soins.

La stratégie de maîtrise des dépenses de santé atteint une limite qu’il serait dangereux d’outrepasser. Nous sommes à la veille d’un risque de pandémie de grippe qui constitue un véritable danger pour les retraités et personnes âgées, surtout les plus fragilisés d’entre, si cette population doit renoncer à des soins en raison de contraintes financières. Il ne faut pas oublier que la grippe saisonnière, a fait plus de 6000 décès supplémentaires au cours des premières semaines de grand froid de l’hiver 2008-2009 dont personne n’a voulu parler.

Toutes les mesures qui consistent à taxer de plus en plus les malades, en leur imposant des contributions traduisent une remise en cause de la Sécurité sociale fondée sur les principes de solidarité, que les retraités Force Ouvrière ne peuvent accepter.

► A propos de la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées, l’UCR-FO constate que les engagements de campagne du Président de la République n’ont toujours pas été tenus. Avec les professionnels du secteur, elle dénonce vivement l’insuffisance de moyens pour de nombreuses structures contraintes à des choix budgétaires au détriment de la qualité de la prise en charge, et le coût toujours plus élevé à la charge des personnes dépendantes hébergées en établissement ou vivant à domicile.

Il est inacceptable que les retraités en perte d’autonomie tombent sous le coup de « peines multiples » : des retraites qui diminuent, une Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) dont les montants ne permettent pas de couvrir l’ensemble des coûts financiers des besoins, des déremboursements forfaits et tickets modérateurs pour les dépenses de maladie.

La prise en charge de la perte d’autonomie demeure l’un des grands enjeux des politiques sociales. L’UCRFO continue de revendiquer la mise en place d’un véritable « cinquième risque » de Sécurité sociale.

► Pour l’UCR-FO, la crise a levé le voile sur les aspects inacceptables des politiques libérales menées depuis plusieurs. Il faut en tirer toutes les leçons et changer d’orientation politique pour continuer de bâtir et consolider les systèmes de protection sociale solidaire, égalitaire et collective qui ont fait la preuve de leur efficacité et sont plus que jamais nécessaires pour faire face à la désastreuse situation crise économique et sociale.

Dans le but de parvenir à cet objectif, le Comité exécutif de l’UCR-FO partage le souci de la Confédération Force-Ouvrière qui oeuvre à définir les moyens les plus efficaces engageant l’ensemble des salariés, actifs, chômeurs et retraités. D’ores et déjà, il s’inscrit dans la campagne de mobilisation et d’action qu’entend conduire la Confédération.