Congrès Confédéral Jean Claude MAILLY « FORCE OUVRIÈRE RESTE UNE ORGANISATION RÉFORMISTE »

, par udfo53

Retrouvez ci-dessous l’interwiev de Jean Claude MAILLY dans le journal La Croix du 13 février 2011

"Alors que s’ouvre lundi 14 février à Paris le congrès de FO, Jean-Claude Mailly, seul candidat à sa succession, revient sur la stratégie de son syndicat pendant la réforme des retraites."

→ La Croix : Vous vous présentez cette semaine pour un troisième mandat à la tête de Force Ouvrière. Quel bilan mettez-vous en avant ?

Jean-Claude Mailly : Le bilan que je peux mettre en avant au nom du bureau confédéral, c’est d’abord un renforcement de Force Ouvrière au cours des trois dernières années, notamment dans le privé. J’annoncerai au congrès l’arrivée chez nous de deux nouveaux syndicats jusqu’ici affiliés à la CGC, l’un de cadres de la douane, l’autre de la navigation aérienne. Cela s’ajoute à l’arrivée de l’Unsa police, des professeurs du Snetaa et des hôtesses et stewards de la SNPC, autrefois autonomes. Nous sommes en phase de progression, avec environ 500.000 adhérents.

Vous en déclariez pourtant 800.000 il y a quelques années…

J’ai toujours dit que si nous payons pour 800.000 adhérents dans les structures internationales, c’est plus une affaire de solidarité que de chiffres réels. Jusqu’ici, je n’avais pas donné de précisions parce qu’il est très difficile dans une organisation décentralisée comme FO de connaître ses chiffres. Mais comme certaines sources estiment que nous n’avons que 350.000 adhérents, je voulais rétablir le bon ordre de grandeur, qui est d’un demi-million d’adhérents.

Regrettez-vous d’avoir mené la contestation de la réforme des retraites dans votre coin, en dehors de l’intersyndicale ?

Je rappelle que nous étions toujours présents dans les manifestations. Et nous sommes pour l’unité d’action. Mais pour cela, il faut être d’accord sur la revendication et sur les modalités d’action. Nous demandions le retrait de la réforme car nous considérions que le gouvernement, réformant pour des raisons financières, ne pouvait pas accepter d’aménagements majeurs. S’agissant des moyens d’action, nous pensions qu’il fallait monter d’un cran avec un appel à une journée de grève interprofessionnelle. Nous n’avons pas pu nous mettre d’accord avec les autres syndicats. À la fin du processus, je constate que nous nous sommes battus quand même, malgré une mobilisation exceptionnelle. Ce qui veut dire que tous les moyens efficaces n’ont pas été utilisés. J’ajoute que, pendant le conflit des retraites, le comportement de FO a été décidé par les structures dans la quasi-unanimité. Sur ce sujet comme sur d’autres, FO est aujourd’hui une organisation soudée.

Vous avez été très incisifs sur les retraites, vos objectifs sont plus modestes sur l’emploi des jeunes. FO est-elle devenue radicale ou reste-t-elle réformiste ?

FO a toujours été et reste une organisation réformiste. Réformiste, ça veut dire quoi ? ça veut dire être pragmatique pour améliorer progressivement la situation des salariés. Quand on pense, dans une négociation, avoir trouvé un équilibre qui améliore les choses, on est signataire, sinon on n’est pas signataire. Mais être réformiste ne veut pas dire qu’on ne peut pas appeler à la grève. Un syndicat qui ne conteste jamais, c’est comme un boulanger qui ne fait pas de pain, ça ne sert à rien.

Que pensez-vous des annonces présidentielles sur l’emploi ?

S’il s’agit de développer les contrats aidés, nous n’avons rien contre. S’il s’agit de développer les contrats dits d’alternance, non plus. Par contre, ce que je relève, c’est que les 500 millions d’euros supplémentaires affectés pour cela au ministère du travail vont être pris à d’autres ministères.

J’aimerais bien savoir où ! Va-t-on les prendre à la justice, alors que l’un de ses problèmes, c’est déjà la remise en cause de ses moyens de fonctionnement ? Le problème de l’emploi, ça pose la question de la politique économique et sociale menée à la fois au niveau national et européen mais cet aspect a été complètement absent des propos du président de la République.

Or, on est encore dans la même logique économique que celle qui prévalait avant la crise et qui nous a amenés dans le mur.

Recueilli par Nathalie Birchem