Grève très suivie à POLE EMPLOI

, par udfo53

Plus d’un tiers des salariés ont débrayé mardi 20 octobre, pour dénoncer la dégradation continue des conditions de travail. Pour FO, cette mobilisation témoigne du mal être des agents qu’a engendrée la fusion à marche forcée des deux institutions.

Plus du tiers des 45000 agents de Pôle Emploi étaient en grève mardi pour protester contre la dégradation continue des conditions de travail au sein du nouveau service public de l’emploi issu de la fusion entre l’ANPE et les ASSEDIC. Les sept organisations syndicales, dont FO, se félicitent du taux de grévistes, qui a atteint plus de 40%, soit 16.200 salariés, (34,59%, selon la direction qui a fait état de la fermeture de 322 des 1.500 sites de Pôle Emploi). Surcharge de travail, effectifs insuffisants, formations expéditives pour devenir polyvalents, management par objectifs… sont autant de motifs de mécontentement exprimés hier par des personnels désorientés et qui en disent long sur leur ras-le-bol.

« Cette forte mobilisation témoigne du profond mal être dans lequel sont plongés les salariés depuis la mise en place à marche forcée des sites mixtes ANPE-ASSEDIC », explique Diane Gastellu (FO), dont l’organisation avait mis en avant ses propres revendications dans un appel spécifique à la grève (voir notre article du 14 octobre 2009). Pour elle, les modalités de la fusion des deux institutions ont relevé jusque-là « du mélange d’une technocratie froide et d’une impréparation totale, au mépris des agents mais aussi de la qualité du service due aux chômeurs et ce alors même que le gouvernement a vendu cette "réforme" à l’opinion comme un plus pour les demandeurs d’emploi ». Elle en veut pour preuve la généralisation voulue de l’entretien unique. « Au bout de deux ou trois jours de formation seulement, on exige des agents ANPE qu’ils dominent les règles ASSEDIC d’indemnisation chômage et des agents ASSEDIC qu’ils maîtrisent le conseil et le suivi des chômeurs », dénonce-t-elle.

« Au-delà de la perte d’identité professionnelle qu’une telle (dés)organisation des services peut engendrer, on soumet les salariés à un management par objectifs (quantitatifs) à tous les niveaux sans leur en donner les moyens (système informatique pas harmonisé, locaux exigus, sous effectifs…) », poursuit Diane Gastellu, qui « juge indigne de laisser les personnels travailler dans des conditions aussi déplorables ». Les agents n’ont par exemple plus vraiment le temps de préparer les dossiers en amont, ce qui est pourtant une des clés du retour à l’emploi. Car, si la moyenne nationale du nombre chômeurs à suivre est de 90 par conseiller, sur bon nombre de sites, comme en Seine-Saint-Denis, un salarié peut être appelé à suivre jusqu’à 300 demandeurs d’emploi, quitte à multiplié les heures sup’.

« Avec d’un côté, les attentes légitimes des chômeurs et de l’autre les objectifs démesurés de la hiérarchie, les agents sont pris entre deux feux et se sentent humiliés. Au point que la souffrance au travail à Pôle Emploi se développe de façon inquiétante », observe FO. C’est pourquoi l’organisation syndicale, exige « la suspension immédiate du déploiement des sites mixtes et l’arrêt de la mise en place de l’entretien unique afin que les agents se consacrent à leur métier d’origine, seule solution pour faire face à la désorganisation actuelle ». Elle revendique également « des embauches immédiates en CDI, et des moyens appropriés (bureaux individuels, véritable formation, applications informatiques...) pour rétablir des conditions de travail normales pour tous les personnels ».