Burn-out, des constats mais encore peu de mesures

, par udfo53

Le syndrome d’épuisement professionnel ou burn-out pourra-t-il enfin être classifié en maladie professionnelle ? Pas si simple. D’abord parce que sa définition souffre de contours mal définis rendant mal aisé une prise en charge efficace. Un rapport parlementaire présenté le 15 février, pointe le manque de reconnaissance de ce syndrome lié à l’activité professionnelle.

Le syndrome concerne l’ensemble du monde du travail : salariés du public et du privés, travailleurs indépendants, avec une prévalence importante chez les travailleurs exposés au public. Le burn-out qui n’est pas encore reconnu comme maladie à part entière, combine un épuisement physique, un manque d’attention pendant l’activité professionnelle, et un déclin de l’estime de soi dans le travail.

200 médecins poursuivis

Le lien entre maladie diagnostiquée et souffrance au travail est rarement établi. Notamment parce que la prise en charge des victimes de cette « pathologie » est souvent le fait de la médecine générale ou psychiatrique en dehors du monde du travail. Et quand ce lien est détecté, les médecins risquent des sanctions. Annuellement, environ 200 médecins en moyenne sont poursuivis devant l’ordre des médecins par des employeurs pour avoir établi des certificats allant dans ce sens.

Seulement 418 cas reconnus en 2015.

Aujourd’hui, regrette la mission parlementaire d’information relative au syndrome d’épuisement professionnel, le burn-out n’est pas reconnu dans le tableau des maladies professionnelles. Les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles examinent les dossiers au cas par cas. Mais pour que les maladies non inscrites au tableau soient reconnues, il faut qu’elles aient pour conséquence une réduction d’au moins un quart de la capacité de travail du salarié.

Un verrou qui a limité le nombre de cas de maladies psychiques prises en charge à 100 % à 223 en 2015, 315 en 2014 et 418 en 2015. Les parlementaires préconisent une expérimentation qui accepterait cette reconnaissance à partir d’un taux d’incapacité professionnelle permanente à 10 %.

Un droit d’alerte pour les salariés mandatés

Autre forte demande du rapport : favoriser la mise en place d’un réseau de salariés délégués du personnel et représentants de CHSCT formés à la vigilance contre les risques psychosociaux.

Seulement une entreprise sur deux remplit aujourd’hui le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) alors que celui-ci est obligatoire. Pour pallier ce manque d’enthousiasme, les députés prônent la mise à disposition des entreprises de modèles type. Les parlementaires souhaitent également que les salariés mandatés obtiennent un droit d’alerte pour obliger les employeurs à remplir le DUERP. Et plus encore, que la prévention des risques psychosociaux (RPS) devienne un sujet de négociation obligatoire dans les entreprises.

Transfert du coût

Le coût économique de l’épuisement professionnel est difficilement évaluable. En 2012, l’Organisation internationale du travail (OIT) chiffrait le coût des effets du stress au travail entre 3 et 4 % du PIB des pays industrialisés.

L’Institut de veille sanitaire (InVS) a évalué à 30 000 le nombre de personnes touchées en France entre 2007 et 2012. Le chiffre bondit à 100 000 en 2016 selon les calculs de l’Académie de médecine.

Le rapport demande donc une quantification sérieuse du coût social de l’épuisement professionnel. Et surtout qu’il soit transféré de la branche maladie de la Sécurité sociale à la branche accident du travail-maladies professionnelles.