120 ans de la CGT-FO : Et en Mayenne, que s’est-il passé : Petit retour en arrière

, par udfo53

La première caractéristique du mouvement syndical ouvrier en Mayenne, c’est sa naissance tardive du fait d’un département à forte dominance rurale.

La loi de 1884 a légalisé les syndicats mais ce n’est que le 12 janvier 1890, que le premier syndicat ouvrier voit le jour à Renazé – aux ardoisières. Le « syndicat des ouvriers ardoisiers de Renazé » a adopté une ligne modérée, opposée au syndicalisme révolutionnaire incarné par la CGT.

Dans les huit années qui ont suivi, seulement trois autres syndicats seront créés en Mayenne : le syndicat des typographes de Laval, le syndicat des cordonniers d’Ernée et la section mayennaise du syndicat Guérard des cheminots.

En 1899, une grande effervescence revendicative touche le bâtiment et le textile. Les bases du syndicalisme mayennais sont jetées. Rejoignent le mouvement syndical, les charpentiers, les menuisiers, etc…suite aux grandes grèves de septembre 1899 en Mayenne.

C’est au cours de ces luttes couronnées de succès que, le 8 juillet 1899, les ouvriers du bâtiment se réunissent aux Galeries de l’Industrie et fondent « un syndicat des ouvriers du bâtiment ». Le 15 juillet, dans le même lieu, ce sont les ouvriers de l’industrie cotonnière qui créent leur syndicat.

1901 : Création de la bourse du travail à Laval

Le 12 décembre 1899, les militants du syndicat du bâtiment, du syndicat du livre, du syndicat des cotonniers demandent au maire de Laval, Victor BOISSEL, « un immeuble pouvant être aménagé et servir de Bourse du travail et de bureau de placement gratuit à l’usage des travailleurs des deux sexes ».

Le 22 aout 1900, le conseil municipal se prononce « pour l’inscription d’un crédit qui permettrait aux syndicats de louer eux-mêmes un local qu’ils jugeraient convenable à leurs réunions et qui leur permettrait en même temps d’assurer le fonctionnement d’une Bourse du travail ».

Le 12 janvier 1901, la Bourse du travail située au 56 de la rue renaise à Laval est inaugurée. Elle regroupait 6 syndicats et 1442 membres. Son premier secrétaire était François ACAMBON.

1905-1906 : Rouges contre Jaunes

Les « rouges » désignaient tous ceux qui ont une activité politique ou syndicale se situant à gauche. Les « jaunes » étaient un mouvement d’opposition et de révolte contre les syndicats rouges. Ils souhaitaient porter les réclamations des ouvriers sans cesser le travail. Ils doivent leur nom à l’organe de la fédération nationale des jaunes de France : « Le Jaune ». Au niveau national des syndicats dissidents de la CGT créés une « bourse indépendante » à Paris en 1901

« Les syndicats jaunes sont les adversaires nés des syndicats rouges »

Ce qui se passe à Laval en 1904-1095 le confirme. De la mi-février à la mi-mars 1905, Laval est le théâtre d’un conflit social inhabituel : par la grève et des manifestations de rue, les syndiqués rouges de l’industrie cotonnière exigent le renvoi de trois ouvriers coupables de vouloir « monter un syndicat jaune ». Le conflit s’achève le 15 mars sur un compromis : mutation à un autre poste des ouvriers vises par les « rouges ».

2 avril 1905 : création d’une deuxième bourse du travail à Laval

Ce conflit aboutit à la création d’une deuxième Bourse du travail « la jaune » sise à Laval, rue de Rennes.

1936 : Pluralité syndicale en Mayenne

Comme dans l’ensemble du pays, les grèves de mai-juin 1936 donnent une impulsion décisive au mouvement syndical mayennais. Des secteurs, jusque-là rebelles à l’organisation, rejoignent la CGT

La CGT sort renforcée. Elle créée une union locale à Château Gontier en décembre 1936.

A côté de la CGT, les syndicats chrétiens eux aussi, s’organisent. Ils se dotent d’une union départementale des syndicats de la Mayenne CFTC. Elle situe explicitement son action dans le cadre d’une concurrence acharnée avec la CGT.

Les scissions en Mayenne

1947 : CGT et CGT-FORCE OUVRIERE

En Mayenne aussi, la scission d’avec la CGT a lieu. Le congrès constitutif se tient en avril 1948.

« Lorsque fut décidé le 15 décembre 1947 le départ de la CGT, nous savions que la besogne qui nous attendait serait ingrate et dure » déclarait au cours du 2ème congrès de l’UD FO de la Mayenne, son secrétaire général Auguste BEUNEUX, (instituteur syndicaliste ; secrétaire de l’UD-CGT de la Mayenne à la Libération, puis de l’UD « Force Ouvrière » ; militant de la SFIO.)

Les militants FO partaient de rien, sans locaux, sans finances. Après un passage devant les tribunaux, FO récupérera les livres de la bibliothèque de la CGT d’avant 1947. (Les livres de la bibliothéque sont toujours visibles dans les locaux actuels de l’UD).

1948 : Premier rapport d’activité de l’UD FO de la Mayenne

Auguste BEUNEUX de continuer dans son rapport : « l’année 1950 s’ouvre Dieu merci sous de meilleures auspices ; la création du timbre départemental, le vote de la loi sur les conventions collectives doit redonner vie à notre organisation syndicale".

1964 : CFTC et CFDT

1919 : naissance de la CFTC. Pour adhérer à ce syndicat, il faut être catholique. Les fondateurs de la CFTC se réclament du catholicisme social préconisé par le Papa Léon XIII. Le premier noyau constitutif de la CFTC en Mayenne a été le « syndicat de dames et employées du commerce et de l’industrie ».

A l’époque, adhèrent à la CFTC, des travailleurs qui refusent d’entrer à la CGTU.

La CFTC se rapproche des mouvements de jeunesse tels que la JOC afin d’élargir son champ syndical. Ceci amènera en 1964 une scission au sein de la CFTC et à la création de la CFDT qui s’affranchit du terme « chrétien ».

Le paysage syndical mayennais se fixe. Les bourses du travail fermeront et laisseront place à une maison des syndicats située place St Tugal et une annexe rue des Déportés, occupée par FO.

Article Ouest France 1979 : congrès de l’UD FO de la Mayenne

Quelques années plus tard, la mairie regroupera toutes les composantes syndicales mayennaise dans les bâtiments de l’ancienne clinique St François – rue St Mathurin et rue du Docteur Ferron

En conclusion

Nous pouvons clôre ce chapitre par cet extrait d’une conclusion de rapport d’activité de l’UD fait lors de notre congrès de 1992 :

« Si les militants de la CGT-FORCE OUVRIERE n’étaient pas capables, ensemble de crier leur indignation, de protester, de combattre, alors aurions-nous réellement besoin d’exister ?

Nous existons car, depuis la création de la CGT, des militants ont défendu centimètre par centimètre la Liberté.

Je sais que l’action syndicale n’est pas chose facile. Mais le syndicalisme qu’est le nôtre est basé sur l’amitié, la solidarité, la tolérance. Quand tout s’écroule, s’il reste l’amitié, tout est sauvé.

Militer c’est se battre contre soi-même avec d’autres ;

Les mots sont des mensonges quand ils restent des mots ;

Le prix de la vérité, c’est celui de la liberté ;

L’avenir appartient à ceux qui luttent. »

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Les différents secrétaires de l’UD depuis 1948 à aujourd’hui :

 Auguste BEUNEUX

 Eugène DUVERGER

 Jean Claude MALLET

 Jean HAMONIC

 Loïc REVEILLE

Document établi par C GERVOIS - références et extraits pris dans différents rapports de congrès de l’UD et revues l’ORIBUS