TRAVAIL ET HANDICAP

, par udfo53

À l’heure où d’aucuns considèrent que la solidarité n’est plus de mise, ou au mieux plus dans nos moyens, Force Ouvrière a organisé la treizième édition de son colloque annuel consacré à la situation des salariés handicapés.

13ème journée Force Ouvrière

Compte-rendu.

« Repartir avec des clés pour un peu plus de solidarité » : par ces quelques mots, l’animateur de cette 13e Journée nationale « Travail et handicap », Jean-Yves Vif, résumait l’un des principaux buts de ce colloque annuel organisé le 11 décembre dernier à Paris par FO. Cette journée a permis l’intervention de nombreux participants, spécialistes et responsables institutionnels et associatifs, ainsi que de militants et représentants de FO, devant une assistance nombreuse, au point qu’il a fallu refuser du monde.

DOUBLEMENT

Les travailleurs handicapés subissent actuellement un taux de chômage deux fois supérieur à celui des valides, a souligné d’entrée, lors de l’ouverture du colloque, la Secrétaire confédérale Anne Baltazar, chargée du secteur économie sociale, égalité professionnelle et handicap et qui siège depuis 2006 au Comité national du FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique), dont elle est devenue vice-présidente. Et de noter également que le colloque de FO se déroule en même temps que la très gouvernementale Conférence nationale contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, qui n’inclut pas les personnes handicapées. Alors même que l’allocation pour les adultes handicapés (AAH) est toujours inférieure au seuil de pauvreté...

Traduite simultanément en langue des signes, cette 13e journée « Travail et handicap » s’est articulée autour de quatre tables rondes, avec chacune un thème : « Formation et handicap », « Syndicats et associations », « Négocier un accord, un choix ou une obligation », et enfin « Regards croisés sur les handicaps non visibles ».

FORMÉ

La première de ces tables rondes, après un message adressé aux participants par le Secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, retenu par une obligation en province, a donc été consacrée à la formation des personnes handicapées, afin d’en définir les acteurs et leurs moyens. Une question cruciale, sachant que la plupart des 240.000 demandeurs d’emploi handicapés sont en général plus âgés que la moyenne et moins qualifiés. Un tiers du budget de l’Agefiph est consacré à la formation professionnelle, comme l’a rappelé la première intervenante, Odile Menneteau qui, en tant que représentante du MEDEF, est la nouvelle présidente. Pour elle et dans la mesure du possible, la formation doit se dérouler dans le cadre des dispositifs de droit commun, c’est-à-dire dans l’esprit de la loi de 2005. Elle prône les contrats d’alternance et l’adaptation aux besoins de l’entreprise. Elle s’interroge sur les conséquences de l’acte III de la décentralisation, qui pourrait très probablement faire passer la politique du handicap sous la responsabilité des conseils généraux. Cela se traduirait notamment par un transfert des MDPH et des Esat (voir encadré), qui sera par ailleurs dénoncé assez violemment lors de la table ronde suivante par la présidente de l’UNAPEI (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis).

Conseiller en insertion professionnelle (CIP) après avoir été informaticien, Frédéric Massé, militant FO et lui-même salarié handicapé, se définit d’abord comme travailleur et ensuite en situation de handicap. Il témoigne de son parcours de formation, depuis son CAP à 18 ans, son bac à 25 ans et son cursus en alternance. Aujourd’hui, il insiste sur l’accompagnement et sur l’insertion socioprofessionnelle, terme qu’il souligne, mais aussi sur la volonté d’« être acteur de son parcours ». Secrétaire confédéral de FO, Stéphane Lardy en appelle à l’appropriation collective du sujet et à une vision plus globale de la formation.

LA QUESTION DES RÔLES

Les rapports entre syndicats et associations ont constitué l’objet de la table ronde suivante, ces dernières étant pour Anne Baltazar « précieuses et incontournables », mais la question se pose de savoir « qui fait quoi ? ». Et de rappeler les débuts un peu froids lors de l’arrivée des associations à la suite de la loi Handicap de 2005, les syndicats leur reprochant une approche un peu trop individuelle et sélective. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts et aujourd’hui les rôles sont complémentaires. Avis partagé par Jean-Manuel Hargas de l’APF (Association des paralysés de France). Philippe Chazal juge indispensables les rapports avec les syndicats en raison de la spécificité des handicaps. Présidente de l’UNAPEI, Christel Prado parle quant à elle de « passerelles, de mêmes combats », du passage du « solitaire au solidaire ».

Le Secrétaire général de la FNATH (Fédération nationale des accidentés du travail et handicapés), Arnaud de Broca, évoque les racines communes avec les syndicats, en particulier avec son association, issue du Comité central de défense et d’intérêt des mutilés du travail, mais aussi parfois des relations « compliquées », surtout en raison de « méconnaissances ». Avant la quatrième et dernière table ronde (voir encadré), la troisième a examiné le sujet des accords. Pour commencer, Rachel Becuwe-Jacquinet, de la DGEFP (Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle), indique qu’on ne pourra pas avoir réellement un retour des accords sur l’emploi des travailleurs handicapés avant septembre 2013. Accords qu’on a du mal à recenser. De son côté, Pierre Blanc, directeur général de l’Agefiph, recommande aux acteurs publics qui n’ont pas encore signé de conventions d’associer les syndicats dans leurs démarches, un « gage de réussite ».

Janvier 2013