OUI, la grève peut payer....

, par udfo53

L’éditeur des magazines Voici, VSD et autre Capital a été contraint de lâcher entre 3% et 5,4% de hausse salariale au terme d’un conflit social inédit. Une pierre dans le jardin du monde de la presse qui rechigne à revaloriser les rémunérations.

LES SALARIÉS DU GROUPE NATIONAL PRISMA ARRACHENT DES AUGMENTATIONS SALARIALES PAR LA GRÈVE

Les négociations salariales annuelles obligatoires sont on ne peut plus tendues cette année. Face à des employeurs qui n’en finissent plus de surfer sur la crise, les salariés sont plus que jamais déterminés à obtenir réparation après des années de vaches maigres. C’est ce que doivent se dire les dirigeants de Prisma Presse qui ont été contraints de lâcher du lest après une grève historique touchant l’ensemble des éditions dudit groupe de presse (Voici, Femme actuelle, VSD, Capital, Télé Loisirs, Gala Géo…). « Il aura fallu pas moins d’une semaine de grève dans l’entreprise pour que la direction, qui avait jusque-là traité nos revendications par le mépris, accepte d’augmenter réellement nos salaires », souligne la représentante du syndicat général des journalistes FO Fabienne Vadon-Chiche, dont l’organisation est à l’initiative du mouvement aux côtés de la CGT et du SNJ.

S’étalant du 3 au 9 mars dernier, cette grève a permis d’engranger, au 1er mars, une hausse générale de 5,4% pour les salaires inférieurs à 3.000 euros. Les syndicats ont obtenu également une revalorisation supplémentaire de 100 euros pour une trentaine de bas salaires qui n’avaient pas été augmentés depuis cinq ans. La direction s’est engagée également à ce qu’il n’y ait plus de CDI avec un salaire inférieur à 2.000 euros et à pérenniser l’emploi de six salariés en CDD depuis quatre ou cinq ans. Car, si le conflit social a été inédit « par son ampleur et sa durée », tient à préciser la délégué syndicale du SGJ-FO, c’est aussi parce qu’il a cristallisé un ras-le-bol général notamment lié à la montée de la précarité dans un groupe où le recours abusif à des CDD est courant dans un certain nombre de titres, comme le mensuel Capital. D’ailleurs, sur ce point, tout n’est pas réglé et le syndicat ne compte pas en rester là. Il a d’ores et déjà saisi l’inspection du travail pour obliger la direction à discuter d’un plan de résorption de la précarité.

Au-delà du cas de Prisma, ajoute Fabienne Vadon-Chiche, c’est « la politique patronale des entreprises de presse qui doit être remise en question de manière notable : l’exploitation des jeunes, les bas salaires, le recours systématique à de l’emploi précaire est une honte et une irresponsabilité économique notoire ». Elle en veut pour preuve ce qui se passe au niveau des négociations de la branche avec le Syndicat de la presse magazine (SPM). Ainsi, lors de la dernière séance de discussion, « on nous a proposé une augmentation de 1% par rapport à la grille conventionnelle datant de 2008 », rappelle-t-elle, avant d’indiquer que la proposition émanait du président de la commission sociale du SPM… qui n’est autre que le DRH de Prisma Presse. Fixée au 17 mars, la prochaine réunion promet d’être houleuse

Mars 2011