Pouvoir d’Achat Les salaires gelés comme jamais depuis 30 ans

, par udfo53

Les entreprises ont profité en 2009 de la crise pour ne pas augmenter les rémunérations de leurs personnels… aidées par un gouvernement qui a refusé de véritables revalorisations pour les fonctionnaires et de donner un coup de pouce au SMIC.

Sale temps pour les salaires ! Deux études viennent de confirmer que les augmentations des rémunérations sont tombées à un niveau historiquement bas cette année et elles ne prévoient aucune embellie en 2010.

Selon une enquête publiée le 9 septembre par le cabinet Hewitt Associates et portant sur 69 sociétés (tous secteurs d’activités confondus) représentant 721.058 salariés, les hausses de salaire sont au plus bas depuis trente ans et resteront encore très faibles en 2010. « C’est la première fois qu’un taux d’augmentation moyen inférieur à 3 % est observé », note cette étude annuelle, selon laquelle « les taux d’augmentation n’ont jamais été aussi faibles depuis une trentaine d’années ». En 2009, « les entreprises appliqueront des augmentations moyennes de l’ordre de 2,8 %», soit 1 environ point de moins que les prévisions établies un an auparavant. Avec une progression de 2,4% en moyenne, les ouvriers, les employés, les agents de maîtrise et les commerciaux resteront les plus touchés par de faibles hausses de salaires. Pour les cadres (toutes catégories confondues), le taux devrait avoisiner en moyenne 2,6 %.

D’après l’autre étude diffusée celle-là lundi par le cabinet Mercer, quelque 33 % des entreprises ont appliqué en 2009 un gel des salaires pour les cadres hors ventes, 35 % pour les employés, 36 % pour le management, 38 % pour les cadres commerciaux les ouvriers, 42 % pour les cadres supérieurs et 47 % pour les cadres dirigeants. Cette année, les faibles taux d’augmentation salariale (revalorisations générales et individuelles comprises) affectent toutes les catégories professionnelles. Et ce sont les ouvriers qui se retrouvent parmi les catégories les plus touchées avec une hausse du taux médian de 1,6 % (Le taux médian étant la valeur qui sépare l’échantillon en deux parties égales, 50 % des salariés sont au-dessus, 50% en dessous). Pour 2010, 21 % des entreprises prévoient un gel des salaires pour leurs cadres supérieurs, 22 % pour leurs cadres commerciaux et leurs employés, 24 % pour leurs ouvriers, toujours selon cette enquête. Pour le reste, les entreprises prévoient l’an prochain des hausses plus importantes mais elles resteront très inférieures aux années précédentes. Seul un quart des entreprises comptent dépasser les 3 % d’augmentation. Le taux médian pour les ouvriers, le plus faible de l’ensemble des catégories professionnelles, devrait s’élever à 2 %.

Afin de justifier la stagnation des salaires, les d’entreprises, en difficulté ou non, invoquent le repli du taux d’inflation alors que ce reflux s’explique surtout par la baisse des prix du de l’énergie (pétrole) qui sont d’ailleurs repartis à la hausse. Selon les derniers chiffres de l’INSEE datant du 15 septembre, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,5 % après trois mois de baisse. Bien entendu, les employeurs l’expliquent également par le contexte de crise. Une crise qui a bon dos et sur laquelle le gouvernement a décidé tout autant de surfer puisqu’il donne lui-même le mauvais exemple. Ainsi, il a accordé cette année aux fonctionnaires une hausse de 0,8% seulement (+ 0,5 % au 1er juillet. Et + 0,3 % au 1er octobre). De même, il aurait pu donner le LA pour 2010, en octroyant un « coup de pouce » au SMIC, dont la hausse a été limitée en 2009 au minimum légal (+ 1,3 %) pour la troisième année consécutive. Mais le gouvernement s’y est d’ores et déjà refusé, estimant « devoir désormais préparer l’après-crise », dixit le projet de loi de finances 2010.