Les entreprises incitent les salariés à jouer pour se former

, par udfo53

Les « serious games », ou « jeux sérieux » en français, permettent d’apprendre ou de s’entraîner en s’amusant. Ces jeux vidéo sont en plein développement, notamment dans les entreprises et le domaine de la santé. Révolution de l’apprentissage ou simple effet de mode ?

Même Pôle emploi s’y met ! L’établissement public a lancé début juillet ses quatre premiers serious games. Ils ont pour titre « Demain je suis le patron », ou « Demain je trouve mon premier emploi ». Accessibles depuis un ordinateur, un smartphone ou une tablette, ils aideront les demandeurs d’emploi et les entreprises à « acquérir de la méthode et des réflexes pour avancer dans [leur] projet », selon l’appel d’offres lancé en février dernier.

Le « jeu sérieux » ressemble comme deux gouttes d’eau à un jeu vidéo ou de simulation classique. Le joueur crée son avatar, passe des niveaux, défie des adversaires en réseau.

Si l’expérience reste ludique, la finalité est bien d’apprendre, de s’entraîner ou de faire passer un message. Le concept a été créé en 2002 par l’armée américaine pour faire connaître ses métiers et recruter massivement.

En France ces jeux restent encore largement méconnus, même s’ils ont commencé à se développer vers 2010, notamment dans la formation. Selon une étude publiée en juillet 2014 dans la revue Systèmes d’Information et Management, « toutes les sociétés du CAC 40 utilisent des jeux sérieux et sept d’entre elles en ont adopté au moins cinq ». Ils servent principalement à « recruter, intégrer, former, accompagner, valoriser, communiquer et sensibiliser ».

Renault, précurseur en la matière, a lancé son premier jeu dès 2009 pour former à l’argumentaire 15 000 conseillers commerciaux, en complément d’autres modules. Selon le constructeur, les salariés sont davantage motivés par ce format qui les place en totale immersion dans une situation proche de la réalité. D’autres entreprises, comme L’Oréal ou Thalès, utilisent le jeu pour recruter. Les candidats sont testés en temps réel sur leur capacité d’adaptation ou de synthèse.

Apprendre sans risque des gestes chirurgicaux

Les développements sont aussi très rapides dans le domaine de la santé, qu’il s’agisse d’aider des malades à mieux connaître leur pathologie ou de faire des gestes de rééducation sans se lasser. Ces outils s’adressent aussi aux professionnels. Des étudiants peuvent s’initier sans risque aux gestes chirurgicaux, tandis que des auxiliaires de vie entrent dans la peau d’une personne âgée pour mieux appréhender ses difficultés. Reste que « le marché se développe, mais faire un bon jeu coûte beaucoup d’argent et les résultats ne correspondent pas toujours aux attentes », relativise Julien Villedieu, délégué général du Syndicat national du jeu vidéo. Le danger pourrait alors être, faute de budget, la disparition à terme des formations classiques.

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Zoom : Plus d’un Français sur deux joue régulièrement L’arrivée des smartphones et des tablettes a modifié la typologie des utilisateurs de jeux vidéo. Aujourd’hui 61 % des Français jouent régulièrement, dont une courte majorité de femmes, selon le Syndicat national du jeu vidéo. L’âge moyen, en hausse constante, approche les 40 ans. Le chiffre d’affaires du secteur était de 2,7 milliards d’euros en 2014, selon le syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs. En France, le jeu vidéo représente désormais la deuxième industrie culturelle derrière le livre.