Le monde de la justice dans la rue

, par udfo53

À l’appel d’une vingtaine d’organisations et de syndicats, dont FO, juges, greffiers, avocats, personnels judiciaires et pénitentiaires manifestent ce mardi pour dénoncer plusieurs réformes du gouvernement et le manque patent de moyens et de personnels.

La justice descend dans la rue. Magistrats, greffiers, avocats et autres personnels judiciaires ou pénitentiaires se mobilisent aujourd’hui contre la « casse » et l’« asphyxie » du service public.

L’appel a été lancé par une vingtaine de syndicats, dont FO, et d’organisations professionnelles. Une journée nationale d’actions, qui selon leur communiqué commun, va marquer le début d’une mobilisation « unitaire » pour défendre « dans l’intérêt des Français, une justice indépendante, de qualité, égale pour tous et dotée des moyens nécessaires » à ses missions.

Leur mouvement de colère vise notamment à dénoncer le projet de suppression du juge d’instruction et une nouvelle réforme du code de procédure pénale dont les grandes lignes leur ont été présentées la semaine dernière par la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie. La disparition du juge d’instruction au profit d’un juge de l’enquête et des libertés, qui est « condamnée par une majorité des Français et par le Conseil de l’Europe, apparaît clairement comme une volonté du pouvoir politique de contrôler les affaires sensibles ou gênantes pour le gouvernement », souligne en particulier le communiqué.

Les syndicats entendent également protester contre « la paupérisation de la Justice », dont le « manque de personnels et de moyens se poursuit dans l’indifférence générale ». Après la réforme de la carte judiciaire (suppression de tribunaux par dizaines), les effectifs de magistrats et de greffiers n’ont cessé en effet de se réduire, au point d’hypothéquer aujourd’hui le fonctionnement minimal de l’institution. Le système doit ainsi fonctionner avec l’un des budgets les plus faibles d’Europe, la France étant classé par le Conseil de l’Europe au 35e rang – sur 43 – pour son effort en faveur de la justice. « Dans ces conditions, comment les personnels peuvent-ils exercer correctement leurs missions de service public ? », interroge FO-Magistrats.

Croulant sous les dossiers et les heures supplémentaires non récupérables, les agents sont par ailleurs condamnés à faire du chiffre et à voir leur traitement parfois remplacé par des primes. Il en est de même pour les personnels de la Pénitentiaire où les syndicats fustigent la « déclinaison aveugle » de la révision générale des politiques publiques (RGPP). Ils en veulent pour preuve la récente annonce ministérielle d’« un nouveau plan de construction de prisons qui se traduira par la fermeture d’une soixantaine de petits établissements et la construction de grandes prisons régionales en partie gérées par le privé ». D’aucuns estiment que l’ensemble du système judiciaire ne repose dorénavant que sur le dévouement de ses agents. Mais pour combien de temps ?

9 mars 2010