Interview de Jean-Claude Mailly dans Le Parisien du 18 décembre 2012

, par udfo53

→ Le Parisien

A partir du 1er janvier, le montant du SMIC versé à 2,6 millions de salariés sera porté à 9,43 euros de l’heure, soit 1430,22 euros brut mensuel pour un temps complet. Une revalorisation inférieure à 5 euros (0,3%) conforme à la hausse légale. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, dénonce l’absence d’un coup de pouce du gouvernement.

Pour vous, le compte n’y est pas ?

Jean-Claude Mailly. Qu’est-ce que vous voulez faire avec 3 euros net de plus par mois ? Le gouvernement commet une erreur économique et sociale en ne revalorisant pas le SMIC. La situation économique est proche de la récession. Si l’on veut relancer la machine économique il faut soutenir la consommation. Je ne dis pas que cela règle tout. Mais lorsqu’un salarié au SMIC a une augmentation, il consomme. Et cela accroît l’activité économique.

Le gouvernement fait pourtant valoir une hausse du SMIC de 300 euros sur l’année. Ce n’est pas suffisant ?

Le ministre du Travail oublie de dire qu’il y a eu un rattrapage de l’inflation. Sur les 2% de hausse accordés en juillet, 1,4% l’était au titre de l’inflation. Depuis le mois de mai, le coup de pouce officiel n’aura été que de 0,6%, autrement dit rien ! Cela ne va pas dans le bon sens. Le gouvernement applique une logique de rigueur qui pénalise les plus modestes. C’est la même chose en ce qui concerne l’augmentation du RSA. La pauvreté est un problème urgent et le Premier ministre annonce une augmentation de 10 euros en septembre. Il y a une vraie contradiction. Les gens, eux, retiennent que, d’une manière ou d’une autre, il va y avoir une aide fiscale de 20 Mdseuros aux entreprises.

Votre syndicat va-t-il appeler à une mobilisation dans les prochaines semaines ?

C’est aujourd’hui une demande forte. Mais il n’y a pas encore de date arrêtée. Nous ferons un grand meeting national le 24 janvier prochain (et non le 30 comme annoncé initialement. NDLR), avec plusieurs milliers de personnes. Le thème sera la solidarité contre l’austérité. François Hollande s’est enfermé dans une logique suicidaire dictée par l’Europe, qu’il faut combattre. De là découlent des décisions comme celles prises sur le SMIC, sur les dépenses publiques. Ce qui remonte aujourd’hui du terrain, c’est : le changement, c’est pour quand ?

Propos recueillis par Catherine Gasté | Publié le 18.12.2012, 10h34