DES DELEGUES FO DETERMINES

, par udfo53

La conférence réunie mardi par la confédération a permis moult témoignages de syndicalistes qui ont mis toute leur énergie à défendre l’emploi, les conditions de travail et les salaires dans des entreprises exigeant toujours plus de leurs salariés.

Le 10 novembre, la confédération FO a réuni à la Bourse du travail Paris quelques 250 de ses délégués syndicaux et représentants du personnel venus de tout l’Hexagone. Cette conférence aura été l’occasion d’appréhender ce que veulent dire les mots « crise économique », « plan de sauvegarde de l’emploi », « adaptation au marché », « réorganisation du travail ».

« Autant ceux qui hélas devront ou doivent déjà chercher un nouveau travail, que ceux qui restent en poste, avec le sentiment d’être des miraculés d’une catastrophe aérienne (…) ou en gros, on demande à ceux qui restent de se taire en échange d’une garantie temporaire d’un boulot », a résumé Albéric Deplanque, représentant de la « Fédé » du Bâtiment, Bois, Papiers Cartons. Car la crise a été une aubaine sans précédent pour des employeurs faisant du chantage à l’emploi un outil de management. « Partout on a fait culpabiliser les salariés soit par un gel des recrutements avec l’obligation parfois d’effectuer des heures sup’, par la suppression d’une prime censée « sauver son emploi ou pire par un gel, voire une baisse de salaires », rapporte le secrétaire fédéral FO de cette branche professionnelle (2000 entreprises. 80.000 salariés).

Un peu partout, les salariés ont en effet été placés ces derniers mois dans des situations humiliantes où ils ont été contraint de sacrifier leurs RTT, de « dilapider » leur comptes épargne temps mais aussi de subir des centaines d’heures de chômage partiel. « Ceux qui restent sont terrorisés, on est passé de 500 à 250 salariés, il faut pallier le manque des collègues, être plus polyvalents, et sur cette base, la direction a dénoncé tous les accords d’entreprise, sa participation à la cantine, à la mutuelle, le 13ème mois, même les temps de pause d’usage, tout est à renégocier », a raconté ainsi Nathalie Roma, employé chez Eurostyle (sous-traitance automobile) à Chateauroux.

Mais, partout aussi les délégués syndicaux se sont mobilisés pour éviter un « plan de sauvegarde des emplois (PSE) ». Un terme administratif bien commode pour désigner les licenciements collectifs et que les employeurs se plaisent par ailleurs à étaler sur plusieurs mois, voire plusieurs années afin de maintenir la pression sur leurs personnels. Pour les syndicalistes, il y a eu plusieurs façons de combattre les stratégies de directions rompues aux fameux « Livres 3 et 4 des PSE » et synonymes de chômage pour les salariés.

« Oui mais 50 salariés face à un groupe, quel poids ? Quelle force ? Quelle chance ? Et comment se battre pour dire "Non aux licenciements" », s’est demandée Martine Fernandez, déléguée FO chez Dangoumau, abattoir de volailles situé à Clermont (Landes), lorsque sa direction a annoncé la suppression de 34 postes en CDI sur un total de 51 motivée par des raisons de rentabilité financière. « Nous nous sentions si petits, si inexpérimentés face à rouleau compresseur », a-t-elle raconté. Munis du rapport de l’expert comptable, les salariés ont fait appel un avocat spécialisé en droit social. Pour elle, ce combat a pris alors « la forme d’une petite armée bien rangée attentive aux conseils pour sauver tous les emplois ». Après avoir réussi à obtenir la suspension de la procédure devant la justice, le groupe Arrivé, dont Dangoumau était la filiale, a cédé ses parts à Maïsadour. Le nouveau propriétaire a décidé pour l’instant de maintenir les emplois. « Un an de combat, de doute, d’espoir, de participation à des manifestations pris dans le flot des entreprises autour de nous touchés par la crise, un an de solidarité pour tous les salariés soutenus par toutes les structure de FO, du syndicat à l’Union départementale en passant par la fédération », se félicite aujourd’hui Martine Fernandez.

Chez Manitou, entreprise de métallurgie de Loire Atlantique (1450 CDI), le combat avait commencé à l’hiver 2008, quand la direction a annoncé 300 à 400 licenciements et la suppression totale de l’intérim (350 salariés). Le délégué FO, Pierre-Louis Montaudon, a alors défendu, sans relâche, trois revendications « aucun licenciement sec, du chômage partiel mieux indemnisé, des préretraites négociées » Après une mobilisation sans précédent, y compris dans l’encadrement, la direction a remisé son PSE. « Nous avons évité le drame des licenciements secs après avoir négocié un plan de départs volontaires de 250 salariés, dont 75 en congés de fin de carrière (36 mois avant leur droit à retraite) ».

Chez Chaffoteaux à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), « c’est contre des patrons voyous que les salariés ont lutté pendant plus de 4 mois », a témoigné Martial Collet, au nom du Syndicat FO. Il a rappelé, qu’après avoir « occupé l’usine et tout fait pour maintenir les emplois (...), ils ont décidé de "vendre leur peau" le plus cher possible » (voir notre article du 9 novembre 2011).

Il n’est jamais facile d’engager le combat le dos au mur. C’est pourquoi, face cette multiplication des licenciements, tous ont mis en avant la nécessité de construire à chaque instant dans l’entreprise un rapport de forces collectif afin d’éviter d’être battus séparément. Un rapport de forces qu’il faudra également imposer au niveau national, a martelé le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, qui a conclu cette journée riche « d’expériences et d’enseignements pour l’avenir ». Il a rappelé la proposition de son organisation d’une grève interprofessionnelle de 24 heures – que les autres centrales rechignent toujours à lancer – pour obtenir notamment du patronat, le gel immédiat des plans sociaux, et du gouvernement, la remise en place de autorisations administrative des licenciement, qui plus est, lorsque des fonds publics sont engagés sous forme d’aides directes ou d’exonérations de cotisations.