Congrès de la Fédération FO des Employés et Cadres

, par udfo53

Le congrès de la Fédération FO des Employés et Cadres s’est tenu du 21 au 24 octobre dernier à Perpignan. Près de 1.500 congressistes dont une quinzaine de mayennais ont fêté le cent vingtième anniversaire de la fédération (la Fédération nationale des Employés a été créée en 1893).

« La crise est une opportunité pour détruire les acquis des salariés et pour satisfaire tant les marchés que les actionnaires », a rappelé Serge Legagnoa, Secrétaire général de la fédération FO, en introduction au congrès. Si la FEC est souvent appelée « la petite confédération », c’est notamment en raison de la grande diversité de ses composantes. Pourtant, malgré ses fortes disparités un constat unanime s’est imposé : « Partout l’action syndicale est attaquée. Systématiquement, élus et militants sont l’objet de pressions. »

Malgré ces attaques, la fédération poursuit son développement. Depuis son précédent congrès, en 2009, qui s’était fixé comme objectif une massification de la syndicalisation, les effectifs de la fédération ne cessent de croître, comme l’ont rappelé nombre de délégués. La fédération a également validé la création d’une section fédérale Services (voir encadré ci-dessous), qui lui permet de s’adresser plus spécifiquement à des salariés particulièrement exposés, car couverts par des conventions collectives figurant souvent parmi les moins protectrices.

Travail le dimanche, augmentation du travail nocturne

À l’occasion du cent vingtième anniversaire de la fédération, un film (disponible sur le site de la FEC) a retracé l’histoire de la fédération et de ses premiers combats. L’un d’eux fut la revendication pour un repos hebdomadaire. Cette revendication n’a finalement abouti qu’en 1906 (treize ans après la création de la fédération). Et c’est cette conquête sociale qui est depuis plusieurs années remise en cause. La lutte pour le repos dominical est donc profondément identitaire pour la FEC et « marque son combat pour une société humaine où tout n’est pas que marchandise et marchandisation », comme l’a rappelé son Secrétaire général. Ce dernier a par ailleurs également rappelé l’implication de l’UNI global union (Union Network International) sur cette question. Ce combat rétrograde pour l’ouverture dominicale, qui est aujourd’hui celui des grandes enseignes du commerce, porte le risque de rapidement devenir celui de beaucoup plus de salariés : si le travail le dimanche se généralisait, ce ne serait pas seulement les salariés du commerce qui seraient touchés : les transports publics, la sécurité, les services, les banques… seraient touchés à leur tour. Or c’est bien le caractère exceptionnel du travail dominical qui justifie un salaire amélioré. En cas de généralisation, cette amélioration tomberait naturellement. Mais au-delà de la question du travail dominical, c’est également l’augmentation des nocturnes, à l’instar du magasin Sephora sur les Champs-Élysées, qui inquiète les délégués : les amplitudes d’ouverture des magasins augmentent, avec comme seule perspective de prendre des parts de marché aux concurrents. Évidemment sans prise en considération d’une rémunération spécifique de ces horaires atypiques, ni analyse de l’impact de ces évolutions sur la qualité de vie des salariés.

Durcissement du patronat… y compris dans les organismes sociaux

De nombreux délégués se sont également fait l’écho des durcissements des pressions exercées sur les salariés candidats à des élections ou ayant reçu un mandat, notamment dans des secteurs qui jusqu’à présent étaient relativement épargnés par de telles pratiques, comme le secteur bancaire ou les CAF.

Un jeune militant a ainsi été condamné à payer plusieurs milliers d’euros de frais de justice à son employeur, car il avait mis en ligne pendant moins d’une demi-journée le logo de la CAF.

Les délégués du secteur bancaire ont montré que si les banques ont retrouvé le sens des bénéfices après la crise financière de 2007 (pour celles qui l’avaient perdu), c’est au détriment de leurs salariés qui paraissent être la seule variable d’ajustement du secteur : un seul accord salarial sur une revalorisation a minima a été acté en quatre ans. Et ce, alors qu’en 2012 les banques françaises ont réalisé 18 milliards d’euros de bénéfice et que les suppressions de postes se succèdent dans tous les établissements.

« En centre d’appels, nous sommes “récompensés” par des goodies, mais nous revendiquons du salaire »

La création d’un secteur Services a permis de mettre en exergue les enjeux de la représentation des salariés d’entreprises peu habituées aux représentants du personnel. C’est dans ces entreprises que s’expérimente la dérégulation la plus poussée du Code du travail. Instituts de sondage, agences d’intérim, centres d’appels, SSII, tous les délégués de ces secteurs ont exprimé les difficultés d’implantation dans ces univers, mais ont également montré que ces implantations correspondaient à des besoins forts des salariés et permettaient, malgré l’individualisation du travail inhérente à ces structures, de recruter de nouveaux militants.

Forts de ce nouveau secteur en développement, d’une syndicalisation et d’implantations en progression et de revendications claires, la résolution générale a été adoptée à l’unanimité moins une abstention et les délégués de la fédération se sont séparés après le vote d’une résolution générale offensive. Ce congrès a donc marqué l’ambition de la fédération : la reconquête des droits des salariés.

Nov 2013