Ces magasins déserts.... qui font le bonheur des actionnaires

, par udfo53

Vous connaissez tous les caisses automatiques qui, après avoir fleuri aux péages des autoroutes, décorent de plus en plus souvent les magasins, qu’ils soient d’alimentation, de bricolage, de quincaillerie ou d’ameublement.

Bien sûr, vous trouvez de moins en moins de caissier(e)s. Si le gain de temps pour les consommateurs reste très relatif, le gain de productivité qui se transforme en augmentation des dividendes pour les actionnaires est clair.

Aujourd’hui, les grandes enseignes du commerce de détail ont, pour beaucoup d’entre elles, mis à disposition des clients :

 des bornes de renseignements en libre service,

 des ordinateurs en libre service pour aménager leur maison,

 des bornes pour créer les cartes de fidélité,

 des cabines d’essayage virtuelles et intelligentes ; sans compter, dans les coulisses des magasins, tout une batterie de nouvelles technologies qui ont permis, elles aussi, de réduire la masse salariale de manière drastique.

Aujourd’hui, les consommateurs (sont-ils encore des clients ?) vont découvrir les bornes de vente, autrement dit le vendeur virtuel, la borne informatique. Testé dans divers pays européen, ce nouveau type de destructeur d’emplois permet de rendre les consommateurs autonomes, ou plus exactement de les laisser se débrouiller seuls. Finalement, ils vont pouvoir faire des kilomètres pour pouvoir faire dans un magasin… ce qu’ils peuvent très bien faire de chez eux avec internet. Cet outil a permis à tout un chacun d’acheter tranquillement, à l’abri de la bousculade que l’on peut rencontrer dans les magasins.

Maintenant que les clients sont habitués à tout faire de chez eux (choix des articles, conception des pièces et impression des listes d’achats), ils sont naturellement à même de faire la commande eux-mêmes en magasin. Peut-être qu’ils trouvent plus convivial de tapoter sur une borne informatique dans un magasin plutôt que chez eux.

Il est patent que ces nouvelles technologies rapportent beaucoup d’argent aux entreprises qui les exploitent.

Moins d’effectifs que certains estiment a minima à 30 %, dont le personnel d’encadrement, les machines n’ayant pas besoin de chef, donc baisse de la masse salariale, baisse du nombre des Instances Représentatives du Personnel.

En clair, nous croulons sous les nouveautés. Et nous allons, encore, nous retrouver avec des caisses qui rendent la monnaie automatiquement par exemple, en attendant l’introduction prévue des puces RFID qui, elles aussi, permettront de supprimer des emplois à tous les niveaux et dans toutes les filières de l’entreprise.

Ajoutons à cela les contrats précaires, CDD et intérim, l’utilisation plus qu’abusive du temps partiel, l’externalisation de certains services (SAV, livraison, montage de meubles, informatique, caddyman, services logistiques, services administratifs, plateforme téléphonique…) et nous arriverons à des pertes d’emplois dans le commerce qui permettront aux employeurs de réduire drastiquement les masses salariales et les coûts d’exploitation.

Il faut se rendre à l’évidence que la masse d’heures travaillées pour faire fonctionner un magasin est de moins en moins élevée et qu’elle n’augmentera plus.

D’autant plus que les employeurs, avec l’aide de certains syndicats, ont mis en place la polyactivité. Dans certaines entreprises, les conseillers de vente :

 déchargent les camions,

 étiquettent les produits,

 les rangent,

 vendent,

 encaissent,

 préparent les livraisons.

Le simple vocable “conseiller de vente” permet de leur faire exécuter de multiples tâches que le métier de vendeur n’inclut pas. Que les salariés n’aient plus de moment de repos, qu’ils soient sans cesse dans le stress, car incapables de trouver des automatismes, qu’ils soient sans cesse en situation de mal faire puisqu’il faut faire toujours plus et toujours plus vite, importent peu aux actionnaires, pas plus que des salariés du commerce en viennent à se suicider.

Quant au “travail” fourni par le client, il n’y a pas de contrepartie par une baisse de prix. Au bout du processus, la collectivité supportera le coût des chômeurs supplémentaires. Cette fois encore, salariés et clients seront les perdants au bénéfice du capital.

Pour les organisations syndicales, ce sera également de plus en plus difficile de défendre les salariés. A toute baisse d’effectif correspond la perte de mandats syndicaux, qu’ils soient désignatifs ou électifs. Pas évident non plus d’organiser des salariés majoritairement embauchés à temps partiel et disséminés à travers la France.

Cette réflexion s’inscrit dans la perspective de la CHARTE D’AMIENS, dont le dernier Congrès confédéral a réaffirmé l’importance et où, il ne faut pas l’oublier, est mise en avant la “double besogne”, c’est-à-dire l’amélioration des conditions de vie des ouvriers, mais aussi le renversement du système capitaliste.

Aout 2011