COP 21 : FO se bat pour le social

, par udfo53

Interview de Marjorie Alexandre, membre de la délégation FO

La COP 21, la 21e conférence des Nations Unies sur les changements climatiques s’est ouverte hier au Bourget, en présence, fait sans précédent, de 150 chefs d’Etat. Après les discours officiels pour « sauver la planète », les négociations entre les pays ont commencé dans la soirée. La CSI, qui tient un forum syndical sur place tout au long de la conférence, demande que la notion de « transition juste » soit intégrée dans l’accord. Marjorie Alexandre, membre de la délégation FO, tire ici un bilan de cette première journée et précise les revendications mises en avant par la Confédération FO.

La présence des chefs d’Etat, inédite, à l’ouverture de la conférence sur le climat laisse-t-elle présager un accord ambitieux ?

Marjorie Alexandre : Il est trop tôt pour le dire. Les négociations n’ont réellement commencé qu’hier soir. Les discours officiels des chefs d’Etat qui ont précédé étaient empreints de gravité mais ne contenaient pas d’engagements précis. Le président américain a beaucoup parlé de l’action collective mais est resté vague sur les engagements de son propre pays, même s’il a promis de financer la décarbonisation.

La Confédération syndicale internationale demande un ajout dans l’article 2 de l’accord. Peux-tu nous dire de quoi il s’agit exactement ?

Marjorie Alexandre : La CSI veut faire ajouter la phrase suivante : « cet accord doit être appliqué en assurant une transition juste pour les travailleurs et la création de travail décent et de qualité en accord avec les priorités de développement définies nationalement ». Si l’accord final était adopté avec cet amendement, cela constituerait une première puisque jusqu’ici, jamais un texte adopté à l’issue d’une COP n’a fait référence à cette notion de « transition juste » dans sa partie opérationnelle. Cela a pu être évoqué mais uniquement dans le préambule. Mais pour l’instant rien n’est acquis. Des résistances se sont exprimées lors des réunions préparatoires à cette COP, notamment la dernière à Bonn fin octobre, de la part du Brésil en particulier.

Quel est l’enjeu pour FO ?

Marjorie Alexandre : La première partie de l’accord de Paris doit reconnaître que les impacts de l’évolution climatique sur le social et l’emploi sont bien réels et que la réponse à apporter au changement climatique ne peut se réduire à des décisions économiques et environnementales. Nous sommes opposés à toute logique de décroissance, c’est-à-dire que les évolutions climatiques ne doivent pas servir de prétexte pour supprimer des emplois, des qualifications et des filières. Pour nous, il est important d’insister sur le fait que l’objectif n’est pas de « ne plus faire » mais de « faire autrement ». Nous voulons que soient clairement identifiés et listés les besoins nouveaux et les qualifications nouvelles, en s’appuyant sur les branches professionnelles et les filières professionnelles, notamment industrielles. Nous considérons également extrêmement important d’exiger des investissements publics. Nous sommes opposés aux PPP (partenariats public privé, ndlr), y compris à l’échelle internationale.

Que faut-il retenir de la tonalité générale de cette première journée ?

Marjorie Alexandre : Une dichotomie entre les pays développés et les pays en voie de développement, entre le Nord et le Sud. Les pays développés insistent sur la nécessité de réduire les gaz à effets de serre. Les moins développés insistent aussi sur les mesures d’adaptation à l’évolution climatique. Ce qui risque de cristalliser les débats est la question du financement. Hier, le constat sur la gravité de la situation était partagé par tous. Les pays développés ont reconnu leur responsabilité dans le réchauffement climatique. Mais après ? Tant que le fonds vert ne sera pas abondé, tant qu’on ne saura pas comment vont être précisément employés les 100 milliards prévus, on ne pourra pas avancer réellement.

Dec 2015