Bernard DEVY en Mayenne

, par udfo53

Bernard DEVY, Secrétaire Confédéral FO en charge du dossier retraite était, mardi 2 mars, l’invité de l’UD. Devant les responsables FO du département il a fait le point de cet important dossier.

LES RETRAITES, UN CHOIX DE SOCIÉTÉ

Les deux mois supplémentaires « accordés » par le président de la République à l’occasion du sommet social pour aborder le dossier retraite ne doivent pas faire illusion précise Bernard DEVY.

Le matraquage médiatique, auquel nous assistons depuis le début de l’année 2010, démontre que la bataille sera rude.

Sondage à l’appui, les arguments du gouvernement reposent principalement sur le rapport démographique et l’espérance de vie. En réalité, il s’agit de respecter certaines contraintes essentielles que se sont imposées le président de la République et le gouvernement pour le retour aux exigences budgétaires et donner des signes forts aux marchés financiers en affichant un objectif de 3% des déficits publics en 2013. Peu importe le million de chômeurs en fin de droits, le faible taux d’emploi des seniors, 2010 sera l’année de la réforme des retraites, exit de ce fait la réforme systémique, trop tôt, trop tard.

La voie empruntée nous la connaissons avant même que ne débute ce que nous appellerons « la concertation » : remise en cause du droit à la retraite à 60 ans, augmentation de la durée de cotisation accompagnée de la poursuite de la baisse du niveau des pensions, ce qui vient contredire les affirmations selon lesquelles on ne touchera pas aux rendements actuels.

En dehors du débat sur les déficits, il faut souligner que tout est mis en œuvre pour stigmatiser un système qui développerait, selon certains, ses propres inégalités : entre les générations, entre le public et le privé, entre les carrières longues et les carrières courtes, entre les hauts revenus et les petits salaires, entre les hommes et les femmes, jusqu’à affirmer que les petits paieraient pour les plus gros, sans parler des différences en matière d’espérance de vie.

Que cherche-t-on en réalité ? À jeter le discrédit sur un système de retraite solidaire et collectif pour prôner l’individualisation en oubliant le caractère redistributif de nos régimes. En affirmant des contre-vérités l’on accrédite le fait que nos régimes doivent emprunter la voie de la neutralité financière et devenir plus individuels et moins solidaires. La question du financement demeure incontournable, à nous de le démontrer.

Si la retraite n’est plus systématiquement synonyme de pauvreté, il n’en demeure pas moins que de plus en plus de salariés sont contraints de travailler plus longtemps pour bénéficier d’une retraite à taux plein. La retraite des femmes par exemple, est inférieure de 40 % à celle des hommes. Il faut également savoir qu’en France 700 000 personnes vivent avec le minimum vieillesse soit environ 677,00 euros par mois et qu’un retraité sur dix vit avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté.

FORCE OUVRIERE tient à rappeler son opposition à la mise en place d’une réforme dite systématique, en comptes notionnels ou en points, qui pour paraître attractive ou moderne contribuerait en réalité à baisser le niveau général des pensions et réduirait les solidarités internes aux régimes actuels. Les projections du COR (Conseil d’Orientation des Retraites) démontrent, si besoin était, que « toutes choses égales par ailleurs », les pensions pourraient baisser de 40 % en 40 ans.

Les comptes notionnels s’appuient sur des éléments relevant de la croissance économique, pour valoriser le capital virtuel, et au moment de la liquidation de la pension, sur l’espérance de vie par génération, notions individuelles et de neutralité actuarielle méconnaissant les solidarités générationnelles et intergénérationnelles.

Au nom de quoi, parce que l’on vit plus longtemps, faudrait-il travailler plus longtemps ? Avec une telle logique il faudrait que les femmes travaillent plus longtemps que les hommes au prétexte qu’elles ont une espérance de vie plus grande ! 40 ans, c’est déjà trop, surtout lorsqu’ on sait qu’aujourd’hui la durée moyenne d’activité des salariés tourne autour de 38 ans.

FORCE OUVRIERE demeure attachée au maintien de l’architecture actuelle de notre système de retraite : un régime de base de sécurité sociale complété par des régimes complémentaires gérés paritairement – pour le secteur privé – et des régimes spéciaux et de fonctionnaires pour les personnels relevant de ces statuts.

Pour toutes ces raisons, FORCE OUVRIERE revendique :

- LE MAINTIEN DU DROIT A LA RETRAITE A 60 ANS,

- UN TAUX DE REMPLACEMENT DE HAUT NIVEAU (75 % du salaire moyen) - L’ARRET DE L’ALLONGEMENT DE LA DUREE DE COTISATION,

- UNE REVALORISATION DES RETRAITES INDEXEE SUR LES SALAIRES,

- LA PRISE EN COMPTE DE LA PENIBILITE

- LE MAINTIEN DES DROITS FAMILIAUX ET CONJUGAUX

Pour la Fonction Publique et les régimes spéciaux, FORCE OUVRIERE exige :

- LE MAINTIEN DU CODE DES PENSIONS ET DES STATUTS PARTICULIERS,

- LE MAINTIEN DU CALCUL SUR LES SIX DERNIERS MOIS,

- UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE DES REMUNERATIONS ACCESSOIRES

- LA GARANTIE D’UNE PENSION A 6O ANS.

Bernard DEVY de conclure que la retraite, c’est aussi le droit à la vie, c’est aussi la liberté et la sécurité. C’est pour cela qu’il faut garantir par la répartition une amélioration du niveau des retraites et pensions et qu’il faut refuser d’obliger les salariés à travailler plus longtemps.

Laval le 2 mars 2010